1 août 2013

Les nouvelles consultations pharmaceutiques

Entretien ou consultation

Lorsqu'on parle de consultation juridique, il ne s'agit pas de consultation médicale. La même nuance s'applique entre consultation médicale et consultation pharmaceutique, même si toutes deux concernent la santé.

Comme pour toute consultation, quel qu’en soit le secteur d'activité, on peut s'attendre à ce qu'une consultation pharmaceutique aboutisse à un conseil spécifique et approfondi pour le patient. C'est déjà ce que le pharmacien fait au comptoir lors de la dispensation des médicaments en général. Quelle différence, donc ? Nous pouvons parler de consultation quand, comme le médecin ou le juriste, le pharmacien traite d'un cas spécifique pendant un temps qui est réservé à ce sujet.

Quant à penser que le patient aurait mélangé consultation médicale et pharmaceutique, l'argument ne tient pas. En effet, les consultations pharmaceutiques ne sont pas des consultations ouvertes. Elles ont un but bien précis et sont réalisées soit sur invitation de l'Assurance maladie, soit sur celle du pharmacien qui en présentent le principe.
À moyen terme, les patients auraient bien fait la distinction entre le rôle du médecin et celui du pharmacien.

Finalement, le terme consacré pour la nouvelle mission du pharmacien que nous allons développer ci-dessous n'a pas été celui de consultation mais d'entretien.
Ce terme est honteusement réducteur et faux. La rencontre n'est pas un simple temps de parole et d'échange. L'objectif affiché est que le patient ressorte en maitrisant son traitement.

Extrait de l'avenant n°1 à la convention nationale des pharmaciens titulaires d'officine

Utilité

Le but de la maîtrise de son traitement par le patient est que ce dernier ne soit pas hospitalisé ou qu'il ne décède pas en raison d'effets indésirables ou d'une insuffisance de traitement (mauvaise observance).
L'intérêt de santé publique est donc de premier ordre : éviter des hospitalisations et des décès (par excès ou défaut de traitement).

En juillet 2013, les entretiens/consultations ont commencé pour une seule classe de médicaments : les anticoagulants antivitamines K.
Ces médicaments sont les pourvoyeurs du plus grand nombre d'hospitalisations iatrogènes, c'est-à-dire causées par un traitement : chaque année, ils sont à l'origine de 17 300 hospitalisations et de 4 000 décès selon l'Assurance maladie, et de 10 % de saignements majeurs et de 1 % de saignements fatals selon B. Tremey.

Tous les anticoagulants ne sont pas concernés. Seuls le sont, pour le moment, les antivitamines K :
- la warfarine ou Coumadine® (2 et 5 mg),
- l'acécoumarol ou (Mini-)Sintron®,
- la fluindione ou Préviscan®.
L'entretien/consultation ne s'applique pas non plus aux anti-agrégants plaquettaires, qui "fluidifient le sang" aussi, comme l'aspirine ou le clopidogrel.

Les anti-vitamines K disponibles en France en 2013

D'autres pathologies impliquent des traitements susceptibles de causer de nombreux effets indésirables ou d'être mal suivis (mauvaise observance), comme l'asthme et le diabète. Les entretiens/consultations pharmaceutiques doivent s'étendre aux traitements de ces dernières pathologies à partir de 2014.

Modalités

D'intérêt de santé publique, ces entretiens/consultations sont totalement pris en charge par l'Assurance maladie. Le coût est de 40 € par an pour 2 séances. Le pharmacien réalise l’inscription avec le patient, éventuellement en ligne, que le bulletin envoyé par l'Assurance maladie ait été reçu ou non par le patient.

Le pharmacien reçoit le patient dans un espace confidentiel, pendant une vingtaine de minutes. Le temps d'entretien/consultation est variable en fonction du patient, comme pour une consultation médicale. Plusieurs rendez-vous peuvent être envisagés (2 pour une année civile).
Le pharmacien aura préparé l'entretien et le patient est invité à amener les résultats d'analyse en rapport avec son traitement (INR) ainsi que, s'il le possède, le carnet de suivi.
Le médecin n'est pas nécessairement tenu au courant. Le patient peut même refuser que le médecin soit informé par le pharmacien si ce dernier avait besoin d'entrer en contact avec le premier.

Compétence

La possibilité de tenir le médecin à l'écart (ce qui n'est pas ce que nous promouvons) s'explique par :
- le fait qu'il ne s'agit pas de modifier le traitement, ni même la posologie prescrite,
- le fait que l'entretien/consultation et ce qu'il en ressort est de la compétence du pharmacien. En quelque sorte, l'entretien est comparable à une dispensation faite au comptoir (à la différence près que le pharmacien peut prendre le temps d'entrer dans les détails et de s'assurer de la compréhension).
Le médecin est le spécialiste du diagnostic et de l'orientation thérapeutique. Mais le spécialiste du médicament reste le pharmacien. Pour cela, il a suivi 6 ans d'étude au minimum.
Pour les entretiens, de nombreux pharmaciens consciencieux auront de surcroit suivi une formation de mise au point sur la classe thérapeutique.


Grâce à ces entretiens/consultations, où le pharmacien ne vend pas de produits, sa compétence sera exposée au grand jour.

Ces récentes dispositions font partie des nouvelles missions du pharmacien appelées à se développer les prochaines années, suite à l'article L 5125-1-1 A du Code de la santé publique.